Journal de Bord du trek du Dhaulagiri : J 12

Publié le par Mick

Hidden valley-LostBC16/05/2010 : Hidden Valley → Camp de base perdu

 

IMGP6269La nuit, quoique courte, fut plus efficace que la précédente et nous apprécions d’autant plus ce matin de pouvoir prendre notre petit déjeuner au soleil.

Aujourd’hui, un autre col nous attends, moins haut que le précédent, le Dampus pass. Traversant une longue pente de neige parfois vertigineuse, nous débouchons rapidement sur un replat, le col, qui nous offre une vue éblouissante sur les montagnes environnantes : le Dhaulagiri bien sûr, mais également la chaîne des Annapurnas qui s’étend à l’horizon, et le Dampus Peak. Juste au-dessus de nos têtes émerge ce sommet culminant à 6000 mètres d’altitude et dont l’ascension facile aurait pu nous permettre de ramener notre premier 6000 en France. Malheureusement, faute de temps et de matériel, c’est avec une immense frustration que je détourne les yeux de ce petit géant pour entamer la descente en direction de Marpha.

Avant de perdre réellement de l’altitude, nous savons qu’il va falloir effectuer une longue traversée sur un pierrier instable, et dans une zone sujette au brouillard. En effet, les nuages présents en fond de vallée vont rapidement venir nous rejoindre et au bout de quelques heures, nous progressons dans une épaisse purée de pois, sur la neige, suivant un chemin très faiblement marqué que nous perdons puis retrouvons à plusieurs reprises.

IMGP6286L’altimètre indique que nous marchons depuis maintenant plusieurs kilomètres à la même altitude, alors que notre carte prévoyait une redescente relativement rapide sous la barre des 5000m. Dans ce brouillard, les mètres que nous parcourons paraissent encore plus longs et des doutes commencent à assaillir nos esprits : sommes-nous toujours sur le bon chemin ? Quand allons-nous commencer à descendre ? La tension est palpable lorsque Marco nous propose de quitter ce pseudo sentier pour descendre droit dans la pente et retrouver l’altitude à laquelle nous devrions être normalement.

Ne faisant plus confiance à la carte depuis déjà quelques jours, je refuse de quitter la trace dans un tel brouillard et, appuyé par Mickaël et l’optimisme sans faille de Pierrot, nous continuons obstinément à marcher à flanc de montagne.

IMGP6270Voilà, cette fois le sentier à complètement disparu sous la neige et la visibilité très réduite ne nous permet plus d’apercevoir un quelconque indice concernant la suite de notre itinéraire. A tâtons, nous avançons dans la neige, espérant trouver la solution, en vain. La tension au sein du groupe est maintenant à son maximum : que faire ? Marco et Vaness’ ne sont pas rassurés du tout et proposent de faire demi-tour jusqu’au dernier camp dépassé presque deux heures plus tôt. Notre décision sera peut-être plus dictée par la flemme de rebrousser chemin que par le bon sens, toujours est-il que nous choisissons finalement de profiter de ces quelques mètres carré de plat pour installer notre camp. Vaness’ est transie de froid et nous nous échinons donc avec Marc, qui a retrouvé un semblant d’optimisme, pour installer notre tente afin qu’elle puisse se mettre à l’abri du froid. Sur cette glace, impossible de planter les piquets et nous nous servirons de cailloux comme d’encres à neige pour fixer cet abri sommaire.

Pendant ce temps, Pierrot et Mickaël ont rebroussé chemin pour s’assurer que nous n’avons pas manqué une bifurcation par inadvertance. Plus tôt, je suis moi-même descendu sous notre futur camp pour tenter de trouver un semblant de sentier. Glissant sur la neige dans cette pente plutôt raide, je me suis légèrement ouvert la main sur un caillou mal placé : nous n’avions encore pas eu de blessé dans ce trek et c’est le plus mauvais moment que je choisi pour mettre à contribution le savoir-faire de Pierre, notre pompier.

En attendant le retour de nos deux éclaireurs, je tente de faire le point sur IMGP6147la carte afin de préciser notre position à Marco et Vaness’. Je suis certain que nous sommes sur le bon chemin et que la descente que nous attendons est toute proche, mais mon optimisme ayant déjà à plusieurs reprises engendré de grosses désillusions, je n’ose plus donner mon avis et préfère donc garder pour moi les bonnes nouvelles potentielles.

Les recherches de Pierre et Mick ont été infructueuses et c’est dans cette drôle d’ambiance que nous commençons à nous faire à manger afin de réchauffer un peu nos corps et nos cœurs.

Soudain, l’éclaircie tant attendue survient : la solution apparaît à seulement quelques mètres de nous ! Je suis le seul à avoir les pieds encore au sec et décide donc de suivre cette nouvelle portion de sentier qui nous est apparue subitement afin de vérifier mon hypothèse. Dix minutes plus tard, me voilà au départ de l’impressionnante descente qui file droit à Marpha, 2000 mètres plus bas.

Quel soulagement de nous savoir si près du but, mais quelle frustration de penser que nous allons devoir passer la nuit sur la neige, à 5000m d’altitude, alors que sans ce maudit brouillard nous aurions pu dormir au sec !

Je reste encore quelques instants sur cette sublime crête avant de redescendre porter la bonne nouvelle au reste du groupe. La vue est incroyable, quelques nuages courent sur le flanc de la montagne, le soleil couchant illumine encore un peu cette large vallée que nous venons de longer, tandis que les Annapurnas se parent de leurs plus belles couleurs avant de disparaître définitivement dans l’ombre.

 

Point sur les stats :

Altitude atteinte : 4900m

Dénivelé :+310m; -505m

Durée de marche : 8h40

Km parcourus : 11

Publié dans Tour_du_Dhaulagiri

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