Yala Peak Express : Jour 3
Yala Peak express
27/05/2010 : Kyanjing Gompa → Yala Peak → Kyanjing Gompa
D+ 1655m
D- 1655m
11h10
15km
Chaque matin, nous nous réveillons au rythme de la musique choisie aléatoirement par le lecteur mp3 : aujourd'hui, c'est Daft Punk qui nous sortira violemment de sous nos couettes. Il semblerai que le lecteur veuille nous faire comprendre que la journée sera rude !
Il est 3h30, nous avalons rapidement le petit déjeuner préparé la veille et quittons la lodge encore endormie. De
hors, nous sommes accueillis par le scintillement intense des étoiles, et seuls quelques nuages sont restés accrochés au flancs des montagnes : pourvu que ça dure. Le sommet que nous visons aujourd'hui, le Yala Peak, est réputé pour être relativement facile, mais la marche d'approche est habituellement coupée par une nuit au camp de base avancé, dont nous nous passerons, faute de temps (et puis, dormir sous une tente à 5000m, ce n'est plus de notre âge !).
Ce matin, le soleil a du mal à émerger et les nuages se font de plus en plus présents, ce qui n'annonce rien de bon pour la suite. Malgré tout, nous apercevons rapidement notre objectif et les premières impressions se confirment : vu d'ici, ce sommet n'a rien de
majestueux, son ascension semble aisée, et nous sommes presque déçus.
Avant d'entamer la pente de neige qui nous permettra d'atteindre le sommet, nous allons devoir franchir un immense pierrier qui nous barre la route. A plus de 5000m d'altitude, l'ascension devient de plus en plus physique et notre progression dans ce chaos minéral est extrêmement lente. Tous les 20 mètres, nous faisons une pause pour reprendre notre souffle, et je manque de m'assoupir à chaque arrêt que nous nous accordons. Les nuages bouchent désormais totalement notre objectif et il n'en fallait pas plus pour me décourager. Je fais part de mes états d'âme à Mick qui, comme toujours, est sur-motivé et me redonne le courage de continuer l'ascension.
Nous sommes maintenant sur la pente de neige, armés de nos crampons et d
e nos piolets. Le rythme a légèrement augmenté et, à la faveur d'une éclaircie, nous apercevons enfin le but de notre journée, désormais à portée de crampons. Encore quelques mètres sur la glace et nous nous retrouvons à cheval sur une arête sommitale digne des plus beaux sommets : mince, effilée, légèrement technique et surtout... le gaz ! 1000m de vide à pic sur notre gauche nous obligent à concentrer nos derniers efforts pour ne pas trébucher de fatigue. Quel final !
Et voià, 7 heures après notre départ, nous foulons le sol neigeux de notre premier sommet himalayen : 5500m, c'est un record pour moi, et la fatigue disparaît en un instant pour laisser place à l'euphorie.
Malheureusement pour nous, les nuages sont toujours bien présents et nous ne jouirons pas du panorama espéré. Trop fiers de notre exploit, nous prenons malgré tout de nombreuses photos avant d'attaquer la descente qui, si elle sera moins physique que la montée, nous paraîtra interminable.
De retour à Kyianjing en début d'après-midi, nous absorbons un déjeuner frugal (voilà 11h que nous n'avons rien mangé) avant d'investir à nouveau nos chambres. Dans le confort d'un lit, nous dégustons nos derniers carrés de chocolat en silence, la tête encore pleine des images de notre journée. Dehors, comme pour rappeler que la mousson sera bientôt là, le ciel se déchaîne et c'est sous la chaleur de nos couettes que nous écoutons la pluie frapper violemment les carreaux, avant de sombrer dans un profond sommeil.
